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Gestion des boues d'eau potable chargées en CAP

Autres phases

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Etude commandée par

CIRSEE

Réalisée par

CIRSEE

Contact Agence

Véronique LAHOUSSINE

Le charbon actif en poudre (CAP) est un réactif consommé en quantité importante sur les usines de production d’eau potable française pour éliminer les microplluants organiques. Cette forte consommation est liée d’une part, à la réglementation en vigueur qui impose des concentrations de plus en plus faibles en micropolluants dans les eaux distribuées et d’autre part, à la création de nouvelles usines de production d’eau potable (UPEP) traitant des ressources de plus en plus contaminées.

Le CAP utilisé sur les UPEP se retrouve en intégralité dans les rejets via les purges de décanteur, les eaux de lavage des filtres ou de rétrolavage des membranes. Ces boues d’eau potable ne peuvent à l’évidence être directement envoyés dans le milieu naturel mais la réglementation à ce niveau n’est pas précise. En effet, le rejet dans le milieu naturel requiert une déclaration ou une autorisation selon le flux massique et la composition de la boue (décret du 18 avril 2002 n°2002-540) mais il n’existe aucune spécification au niveau national ni européen concernant le CAP. La réglementation est déterminée localement par les préfets de chaque département ce qui entraîne de fortes disparités de gestion des rejets d’une UPEP à l’autre.

Par ailleurs, l’impact positif ou négatif de la présence de CAP sur le fonctionnement de la filière de traitement des boues d’eau potable n’a jamais réellement été étudié. De même, peu d’informations existent quant à l’impact sur l’environnement que peuvent avoir des boues d’eau potable chargées en CAP, ni quant à la valeur ajoutée que peut éventuellement apporter le CAP pour la valorisation finale des boues. L’épandage agricole est actuellement la seule voie de valorisation utilisée ; il faut pour cela prévoir dans la filière boues une injection de chaux en amont de la déshydratation, et bien que la teneur en CAP de ces boues n’a jusqu’à maintenant jamais posé de problème sur le plan législatif, il est préférable, devant l’évolution de la loi vers toujours plus de durcissement et la réticence grandissante des agriculteurs, de confirmer l’absence de relargage des pesticides par le CAP et de prévoir des solutions alternatives de valorisation.

L’objectif de l’étude porte donc sur l’impact que peut avoir la présence de CAP dans les boues d’eau potable, aussi bien au niveau de la gestion du traitement des boues que sur leur devenir final. La présence de CAP dans les boues représente-t-elle un risque ou bien leur donne-t-elle une valeur ajoutée ?

Au niveau de l’impact de la présence de CAP sur l’efficacité de la filière de traitement des boues d’eau potable, les résultats ont montré qu’il n’y a pas d’effet négatif ni sur l’épaississement ni sur la déshydratation utilisés sur ce type de filière. Cependant, il faut tenir compte du pouvoir abrasif des rejets chargés en CAP lors du choix des systèmes d’acheminement des boues vers leur traitement et privilégier par exemple un système de tapis roulant.

Au niveau de la valorisation agricole, les résultats ont confirmé que les boues analysées contenant du CAP ne présentent pas de non-conformité en éléments traces métalliques et organiques par rapport aux arrêtés de 1998 concernant l’épandage ; les tests de lixiviation n’ont pas montré de relargage de pesticides (triazines et diuron) par le CAP mais le relargage des AOX (composés organohalogénés adsorbables) est à surveiller.

Au niveau des valorisations alternatives à l’épandage agricole, les résultats ont montré que des solutions existent permettant d’utiliser ce réactif coûteux qu’est le CAP jusqu’au bout de ses capacités et de faire des économies sur le coût d’évacuation des boues. En effet, le CAP contenu dans les boues peut notamment être utilisé :
- comme agent adsorbant des polluants contenus dans les lixiviats de décharge ; le CAP permet alors de diminuer les teneurs en contaminants des lixiviats ce qui peut soit rendre éventuellement possible leur acceptation en station d’épuration, soit alléger la charge entrante sur le charbon actif en grains (CAG) de la filière de traitement propre au centre de stockage et ainsi obtenir des régénérations moins fréquentes ; il pourrait aussi être envisagé de récupérer le CAG usagé des filières “eau potable” pour les utiliser sur des filières “lixiviats” ;
- comme alourdisseur des boues activées d’un décanteur de station d’épuration (STEP) ; jusqu’à une certaine masse de boues d’eau potable ajoutées, le CAP améliore en effet la décantation de ces boues de STEP qui ont parfois du mal à décanter pendant certaines périodes estivales ;
- en combustion du fait de ses propriétés qui concourent à une augmentation du potentiel thermique de la boue.

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