Bilan de la qualité des cours d'eau du bassin Seine-Normandie sur la période 1971-2010
Etude commandée par
Agence de l'eau Seine-Normandie
Les réseaux de surveillance (Inventaire National de la Pollution, réseaux complémentaires de 1971 à 1986, Réseau National de Bassin à partir de 1987, réseaux DCE à partir de 2007) ainsi que le changement de méthodes d'évaluation et de suivi des paramètres de la qualité des eaux (grille qualité de 1971, SEQ-Eau, arrêté d'évaluation du 25/01/2010) rendent difficiles l'appréciation globale de l'évolution de la qualité des eaux sur une longue période. A l'échelle du bassin Seine-Normandie, 18 millions de données brutes ont été traitées selon les règles actuelles de calcul de l'état écologique et chimique des cours d'eau pour être comparées sur l'ensemble de la période 1971-2010. Sur 19 stations historiques INP, la qualité physico-chimique se caractérise par une faible proportion de stations en bon état jusqu'en 1995 (environ 20 %) puis s'améliore progressivement. En 2010, 70 % de stations sont en bon état.
Les nutriments constituent l'élément de qualité qui s'est le plus fortement amélioré avec un taux de stations en bon et très bon état passant de 30 % en 1995 à 80 % en 2010. L'ensemble des paramètres composant cet élément de qualité (nitrites, ammonium, orthophosphates, phosphore total) s'améliorent considérablement à partir des années 1990, période de grands chantiers concernant les stations d'épuration (Directive ERU notamment). La nette amélioration des matières phosphorées peut également être imputée aux politiques réglementaires comme l'interdiction des phosphates dans les lessives.
Pour le paramètre nitrate, le seuil élevé du bon état, fixé actuellement à 50 mg/L, masque les variations et reste toujours au bon état sur l'ensemble de la période considérée.
L'évolution de la biologie est plus difficilement interprétable en raison de la variabilité des mesures (fréquence 1 année sur 2) et de leur disponibilité. En effet, l'évaluation de la qualité biologique n'est disponible que depuis 1995 pour l'indice poisson et à partir de 2003 pour les invertébrés et les diatomées. Néanmoins, depuis 2003, une légère tendance à l'amélioration des compartiments invertébrés et diatomées est observée, l'indice poisson restant stable depuis 1995.
Pour les polluants spécifiques et l'état chimique, la construction des réseaux DCE et la recherche systématique de nouvelles molécules à partir de 2007 impacte les déclassements enregistrés. Le compartiment des polluants spécifiques (arsenic, chrome, cuivre, zinc, chlortoluron, oxadiazon, linuron, 2-4D et 2-4 MCPA) reste stable sur l'ensemble de la période. Ils sont régulièrement évalués comme étant en bon état et, à partir de 2007 une stagnation à 80 % de stations en bon état est constatée. Pour la chimie, on observe une persistance du mauvais état depuis les années 1970. Depuis 2007, une prédominance du mauvais état chimique est observée avec un passage de 30 % à 90 % de stations en mauvais état dû à la recherche des HAP dans les eaux à compter de cette année. Par ailleurs, l'étude des molécules chimiques permanentes met en avant une part non négligeable de déclassements liée aux pesticides cyclodiènes au cours des 10 dernières années.
Sur l'ensemble des stations suivies entre 2000 et 2010 (plus de 800 stations au total), les paramètres les plus déclassants sont les suivants : le phosphore total pour la physico-chimie, les diatomées pour la biologie, le cuivre et le zinc pour les polluants spécifiques et les HAP pour l'état chimique.
En 2009-2010, les résultats sont les suivants:
- 37 % en bon et très bon état écologique (N=512 stations),
- 55 % en bon et très bon état biologique (N=538 stations),
- 54 % en bon et très bon état physico-chimique (N=857 stations),
- 84 % en bon et très bon état pour les polluants spécifiques (N=604 stations),
- 11 % en bon état chimique (N=626 stations).
La détermination de masses d'eau en limite d'état, c'est-à-dire susceptible de s'améliorer ou de se dégrader a été réalisée en faisant varier les limites de classes de l'arrêté comme suit :
+/- 20 % pour la physico-chimie,
+/- 1 point pour les invertébrés, les diatomées et les poissons.
Sur le bassin, il apparait que 56 masses d'eau pourrait ainsi se dégrader et 47 s'améliorer en faisant varier ces limites de classes.